Le portage salarial est une forme d’emploi innovante, qui permet aux travailleurs indépendants de bénéficier du statut de salarié tout en conservant leur autonomie. Dans cet article, nous vous proposons de faire le point sur les principales dispositions législatives encadrant cette pratique.
Les origines et les principes du portage salarial
Le portage salarial est né dans les années 1980 en réponse à la demande croissante de flexibilité de la part des entreprises et des travailleurs. Il s’agit d’une relation triangulaire entre un salarié porté, une société de portage salarial et une entreprise cliente. Le salarié porté est un professionnel autonome qui réalise des prestations pour le compte de l’entreprise cliente, tandis que la société de portage salarial assure la gestion administrative, fiscale et sociale liée à son activité.
Cette forme d’emploi présente plusieurs avantages pour les parties prenantes. D’une part, elle permet aux travailleurs indépendants d’accéder à une protection sociale équivalente à celle des salariés classiques (chômage, retraite, prévoyance, etc.). D’autre part, elle offre aux entreprises clientes une souplesse accrue pour recourir à des compétences externes sans avoir à créer un poste en interne.
La reconnaissance légale du portage salarial en France
Le portage salarial a été reconnu pour la première fois en droit français par la loi de modernisation du travail du 25 juin 2008, qui en a posé les bases juridiques. Depuis lors, plusieurs textes législatifs et réglementaires sont venus préciser et renforcer ce cadre :
- La loi n°2010-1594 du 20 décembre 2010 relative à la sécurisation de l’emploi, qui a étendu le champ d’application du portage salarial aux demandeurs d’emploi et aux personnes en reconversion professionnelle.
- L’ordonnance n°2015-380 du 2 avril 2015 relative au portage salarial, qui a introduit de nouvelles garanties pour les salariés portés (formation, représentation, etc.) et encadré les conditions d’exercice des sociétés de portage salarial (agrément, garantie financière, etc.).
- La loi n°2016-1088 du 8 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels (dite « loi Travail »), qui a intégré le portage salarial dans le Code du travail et précisé certaines dispositions relatives à la rémunération des salariés portés.
Les principales obligations légales des sociétés de portage salarial
En vertu de ces textes, les sociétés de portage salarial sont soumises à un certain nombre d’obligations légales, parmi lesquelles :
- Disposer d’un agrément préfectoral, qui atteste de leur conformité aux exigences légales et réglementaires en matière de portage salarial.
- Fournir une garantie financière destinée à couvrir les créances salariales en cas de défaillance de la société de portage.
- Adhérer à un syndicat professionnel représentatif du secteur d’activité, tel que le Syndicat des Professionnels du Portage Salarial (SPPS).
- Respecter les dispositions légales et conventionnelles applicables en matière de rémunération, de temps de travail, de santé et sécurité au travail, etc.
Les droits et obligations des salariés portés
Les salariés portés bénéficient quant à eux d’une protection sociale équivalente à celle des salariés classiques, ainsi que d’une rémunération soumise aux mêmes règles. Ils sont également tenus de respecter certaines obligations légales, notamment :
- Conclure un contrat de travail avec la société de portage salarial, qui précise notamment la durée du contrat, le montant de la rémunération et les conditions d’exercice de l’activité.
- S’acquitter des cotisations sociales correspondant à leur statut salarié auprès des organismes compétents (URSSAF, Pôle emploi, caisses de retraite complémentaire, etc.).
- Vérifier que l’entreprise cliente respecte toutes les obligations légales et réglementaires en matière de santé et sécurité au travail (évaluation des risques professionnels, mise en place de mesures préventives, etc.).
La convention collective du portage salarial
Enfin, il convient de noter que le portage salarial est également encadré par une convention collective spécifique, signée le 22 mars 2017 entre les partenaires sociaux. Cette convention comporte plusieurs dispositions destinées à garantir les droits et la protection des salariés portés, notamment :
- La définition d’un salaire minimum, qui ne peut être inférieur au plafond de la Sécurité sociale.
- La mise en place d’un compte-rendu d’activité, qui permet aux salariés portés de suivre l’évolution de leur chiffre d’affaires et de leurs cotisations sociales.
- L’accès à la formation professionnelle continue, financée par un pourcentage du chiffre d’affaires réalisé par le salarié porté.
- La possibilité de bénéficier d’un accompagnement personnalisé tout au long de leur parcours professionnel (bilan de compétences, validation des acquis de l’expérience, etc.).
Ainsi, la législation du portage salarial offre un cadre juridique sécurisé et adapté aux besoins des travailleurs indépendants et des entreprises clientes. En veillant à respecter ces dispositions légales et conventionnelles, les parties prenantes peuvent tirer pleinement profit des avantages offerts par cette forme d’emploi innovante et flexible.